samedi 6 octobre 2018

Halloween 2018 (CRITIQUE)


Grâce à un festival d'avant-première, j'ai enfin pu découvrir le nouvel Halloween, avec le plaisir de revoir The Shape sur grand écran et de se prendre le score de Big John en version 7.1. Halloween, l'une des trois grandes sagas du slasher. Un film original culte. Des suites allant de l'honorable (II et III) au lamentable (IV, V, VI). Une saga revisitée par la plume de Williamson, auréolé de son quart d'heure de gloire post Scream et en pleine naissance de la télé-réalité. Et enfin une saga remakée par Rob Zombie pour le meilleur et le redneck (perso j'adore mais les films font débat... quand tu respectes l'original, on te sermonne que le premier était mieux et quand tu revisites, on crie au blasphème... whatever). 

Le Halloween 2018, lui, a eu une préprod différente. Catalogué Miramax et donc souvent synonyme de production hell, comprenez projet à la St Glinglin, il finit par être repris par la prod BlumHouse qui s'occupe du Conjuring Universe et qui a réussi de sacrés coups avec Whiplash et Get Out. BlumHouse applique à Halloween ses recettes: réalisateur pas forcément calé horrifique (David Gordon Green) et choix forts. Ici, le script fait table rase de 40 ans d'héritage. Il ne s'est rien passé après le film de 1978. Laurie n'est plus la sœur de Michael Myers. Coup de torchon pour un coup de jeune. L'idée a le mérite de séduire deux protagonistes essentiels à cette séquelle: Jamie Lee Curtis et John Carpenter. La première accepte de rempiler après la lecture d'une dizaine de pages du script, le second est producteur, superviseur du temple et accepte même d'enregistrer un nouveau score, sortant de sa retraite.

40 ans après. Cet Halloween 2018 est une sorte de Terminator 2. Laurie est au bord de la folie, enfermée dans une paranoïa qu'elle est la seule à maitriser puisqu'elle est la dernière survivante de la tuerie d'Haddonfield. Tout le monde la méprise, il n'y a que sa petite fille qui ait un peu pitié d'elle. Le parallèle avec Sarah Connor ne s’arrête pas là. En 40 ans, Laurie s'est barricadée dans une forteresse et s'est durement entrainée au maniement des armes à feu. Myers, lui, reçoit la visite d'un couple de journalistes, curieux d'en savoir plus... et détenteurs du masque. C'est le point de départ, le réveil de la bête. Un transfert de prisonniers et une péripétie et la bête s'évade et commence à semer les cadavres. Beaucoup de cadavres. A l'époque de Carpenter, on suggérait. Faute de moyen ou par volonté artistique, on faisait peur avec du montage et de la musique. Aujourd’hui, on balance l'horreur face caméra et on n'a plus peur. Les jump scares ne sont plus que des grosses ficelles. Tant pis, là n'est pas le problème. D'autres temps, d'autres mœurs. La vraie réussite du nouveau film, c'est cette Laurie borderline, aigrie et mauvaise mère, obnubilée par son croque-mitaine. La réussite du film, c'est de transformer le slasher en survivor, de multiplier les effets de miroir avec l'original et quelques unes de ses suites sans verser dans le fan service. De transformer la proie en chasseur et le prédateur en bête traquée. C'est aussi d'installer une génération au relais de la grand-mère. Si la fille est un peu écartée, la petite-fille est au cœur de l'intrigue et s'avère être une belle révélation, dans une relation alternant fascination, mépris, pitié pour sa grand-mère (Andi Matichak avec de faux airs de Kirsten Dunst). The Shape, avec quelques séquences, notamment un long plan-séquence joué par Nick Castle - le Myers d'origine - hante placards et ruelles dans des effets d'ombre et lumière ou des jeux de reflets bientôt bien vu (miroir, carreaux). Quelle silhouette, quel masque...

John Carpenter a signé un score magnifique, déclinant et revisitant le cultissime thème d'origine tout en le modernisant, ajoutant des thèmes plus organiques ou plus électriques. Quel morceau pour le premier face à face entre la petite fille et The Shape....

On annonce à cet Halloween un franc succès commercial, sans doute annonciateur d'une nouvelle suite. On n'a pas fini d'entendre respirer sous le masque. Là, n'est pas la question. Avec ce coup de neuf, Gordon Green et BlumHouse ont su respecter l’œuvre originale, sans la caresser dans le sens du poil (impossible de peigner correctement pareil masque), en lui apportant une vraie nouvelle dimension, pas juste en remakant et recyclant les vieilles potions. Les fans apprécieront. Certains crieront, lèveront les bras au ciel, ricaneront pendant des soirées bitch mais, il faut avouer qu'on passe un bon moment. Sinon pour s'en convaincre, il faut aller voir l'horrible The Predator pour juger sur pièce ce qu'est une franchise bafouée, violée et idiote.

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