vendredi 5 octobre 2018

Behemoth - I Loved You At Your Darkest (REVIEW)

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Il y a des artistes dont on attend les derniers travaux comme le Messie. Ou l'Antéchrist. Attendu parce que potentiellement initiateur de nouvelles mouvances. Les pionniers, les piliers sont ces gens capables de reconstruire, de redéfinir un genre, un style, d'influencer pour les années à venir. Behemoth, après une tournée pour The Satanist qui n'en finissait plus, a su se réinventer. Encore une fois. Cette fois-ci, pas d'urgence liée à la maladie, pas de création désespérée en guise de renaissance. Juste une soif d'essayer, de tester, de découvrir, de réorienter un genre trop souvent cliché ou répété. I Loved You At Your Darkest se permet tout: des chœurs d'enfants et d'adultes à n'en plus finir, des ralentissements doom, des rythmiques rock 80's, des effets de voix, des réglages et une prod de batterie quasiment diffèrents à chaque morceau... 

S'il choisit un extrait de la Bible en guise de titre pour son dernier album, Nergal ne s’arrête pas là et instrumentalise dès l'intro - Solve - une jeunesse innocente pour mener sa croisade sans fin contre le Christianisme avec des chœurs à tiroir qui martèle déjà les refrains des chansons à venir. Wolves Ov Siberia ouvre le bal des vampires. Morceau court, cash, déjà expérimenté en live cet été, titre parfait pour lancer un album. On sait où l'on est mais pas encore où Nergal va nous emmener. Tant mieux. God = Dog. Titre facile pour un morceau qui l'est beaucoup moins. Les chœurs font leur retour dans le premier single choisi par le groupe, morceau également aguerri aux festoches d'été. Arrive la première pièce bouleversante et innovante du nouvel album: Ecclesia Diabolica Catholica, la bien nommée. Riff similaire au morceau précédent, ce qui contribue à lier les titres les uns aux autres et confère une unité à l'ensemble, pont calme, planant avant un refrain purement black. Un morceau épique avec de nouveaux chœurs religieux. Les nouveaux morceaux ont une dimension quasi filmique. Quant on sait l'attention que porte Behemoth à ses clips, on ne peut que se réjouir des futures images de poésie noire. Ecclesia Diabolica Catholica est un morceau qui donne envie de voir Behemoth céder à la tentation de live symphonique. Riff, batterie ascendante, Bartzabel instaure une nouvelle atmosphère chez Behemoth. Le crescendo, la rupture de ton, des chœurs entêtants, Bartzabel est mon morceau préféré du dernier effort. Un futur hymne en concert pour un morceau plus rock musicalement. If Crucifixion Was Not Enough... Et les morceaux continuent de se faire écho les uns aux autres comme si l'on écoutait qu'une seule et même plage. Riff black à l'ancienne puis ralentissement lancinant, Nergal joue beaucoup avec les ruptures et bascule dans le doom. Angelus XIII: hurlement, pure trve première génération., cris gutturaux, gémissements, chant doublé. Pont acoustique. Behemoth explore, ne se refuse rien: solo de guitare par dessus la rythmique acoustique. Finish sublime. Sabbath Mater: typique morceau de Behemoth à la sauce blackened death metal. A nouveau les chœurs. Solis omniprésents. Retour au rythme martial typique d'Inferno. Neuvième plage: Havohej Pantocrator. Introduction acoustique plus batterie croissante et roulement de tambours, break puis plongée dans le black le plus sombre et atmosphérique, conclusion en boucle avec l'intro. Rom 58: accélération puis ralentissement pour instaurer un univers en deux tempos, effet de voix, chœurs... voici un morceau qui condense le nouveau Behemoth et l'ancien. Le titre ralentit pour ses couplets pour gagner en profondeur. Le chant de Nergal est à son apogée sur le dernier album. We Are The Next 1000 years: reprise rapide pour le dernier vrai morceau avant l'outro. Et le groupe d'enfoncer le clou du cercueil, de la croix, on s'en branle des métaphores religieuses et des effets de style. Coagvla couronne le tout, morceau instrumental. Si les outros ont pour mission habituelle de faire sortir du disque pour revenir au réel, ici on est plus dans l'explosion finale: martèlement de batterie et dernières forces jetées dans la bataille. Pas planant, pas de quartier. 

I Loved You At Your Darkest est un album dont la pochette sublime laissait présager le meilleur. L'emballage ne ment pas sur le contenu. Nouvel opus, nouvelle baffe. Nergal est inspiré comme jamais et j'attends le mois de janvier avec impatience pour un live qui s'annonce terrible.

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