jeudi 27 juin 2019

Hellfest 2019


Quelle édition encore une fois. Et c'est calfeutré dans le noir, la raie humide et les bonbons qui collent au papier, que je vais vous narrer ces quatre jours épiques. 

Jeudi, Knotfest: et ça démarre dès le jeudi cette année grâce à la venue one shot du Knotfest, qui a permis à quelques têtes d'affiche manquantes de rejoindre l'édition 2019 du festoche de Clisson. Point de frustration de rater Behemoth, Roz Bombie ou Slipknot, présents à droite ou à gauche chez les voisins. Ils sont bien là, bénéficiant des infrastructures des main stages dans leur nouvelle version: écran encore plus géant que l'année dernière, sans effet échiquier. Un confort exceptionnel même si l'on décide de se poser le cul dans l'herbe à plusieurs centaines de mètres de la bagarre. Le Hellfest a encore fait fort niveau logistique, espace bouffe rénové en dur, vallée du Muscadet rendu moins poussiéreuse avec allées assainies et nouvelle déco. On adore cet investissement sur le long terme qui rend l'enfer plus doux. Mais revenons au jeudi matin. 206 blindée avec les affaires de camping et les copains, on arrive à Clisson, installation et cosplay du #6 enfilé, direction le festoche: pas de ralentissement du à la triple gestion Knotfest-Hellfest-Cashless, on rentre avec une vitesse déconcertante pour un évènement de cette taille. Petite promenade aux abords de l’Extrême Market, il y fait toujours aussi chaud, je sais pas si une version à ciel ouvert ne serait pas mieux pour les vendeurs et les acheteurs. ET là, Marie me dit "y'a Nergal derrière toi". N'étant pas en train de jouer au Facteur n'est pas passé avec des blackeux, je me dis que c'est le voyage, le jetlag avec la région parisienne qui lui fait voir des choses improbables. Et bien, non, Nergal me frôle et se rend au stand ESP pour une séance de dédicaces avec Orion et Seth. L'info n'a pas eu le temps de circuler, il n'y a quasiment personne dans la fil d'entente. Quant on peut rencontrer un artiste que l'on adore, pourquoi s'en priver? Il blague sur ma tenue de Slipknot et me pince la joue en demandant si c'est un masque. Je le remercie pour la date du Bataclan. Il comprend l'importance de cette date et me remercie, touché. Il me dit qu'ils reviendront à Paris à l'hiver 2020. Et voilà, j'ai encore pas entendu un seul riff que je suis déjà bien en joie. On franchit les portes de la cathédrale la plus connue de la scène métal et le Knotfest donc: groupes américains en M1, européens en M2. Ministry appétissant avec désormais Paul D'Amour à la basse. Behemoth incendiaire, set court, 45 minutes mais tout est parfait, c'est toujours dommage de les voir en plein jour mais bon. Powerwolf a son public et une bonne énergie en live. Amon Amarth idem. Du groupe de death jusqu'à la machine à tubes powermétal, que de chemin parcouru pour Johan & Co. Rob Zombie, public mou du genou au début mais réveillé par l'énergie débordante de Rob, toujours en forme, physiquement (grand écart jumpé comme à chaque fois) et vocalement (coucou Manson, on peut faire du shock rock ET assurer vocalement). Dragula. bande annonce des 3 From Hell. Sheri t'es bonne. S'en suit le gros show de Slipknot qui attaque frontalement les troupes avec People=Shit et enchaîne les tubes jusqu'à la fin. Brutal et jouissif. La troupe de Des Moines est restée sur les mêmes standings depuis son irruption brutale en 1999. Malgré les départs de membres fondateurs et les tragédies, Slipknot est Slipknot. Droit au but. Sabaton conclut la soirée. ça commence à piquer: il est tard, la journée a commencé de bonne heure mais je reste car le groupe donne et le public lui rend au centuple, ça chante, les zicos se marrent, un bon moment. Au lit, demain les choses sérieuses commencent.

Comme l'année dernière, on a de la chance. Pas de pluie, pas trop chaud. Du coup, on peut dormir raisonnablement bien. Valley of the sun en fin de matinée pour se réveiller dans cette charmante et fraîche Valley avec un petit stoner des familles. Radio Moscow enchaîne avec un site déjà bien garni. Je file me faire Sonata Arctica en mainstage, il fait chaud. Il est 14h. Puis la journée des groupes français nous amène Lofofora sur la M2. Reuno est en forme et ça découpe à tout va. Le fond et la forme. Je vais en warzone me poser le cul dans l'herbe et écouter le punk de No Fun  At All, j'aime bien ces petits morceaux sautillants. Retour dans la Valley pour My Sleeping Karma, on voyage avec les riffs aux influences orientales, c'est beau, hypnotique, une pause. Diamond Head, j'y vais pour me faire un set à l'ancienne et entendre les hymnes repris par Metallica: Am I Evil? ou It's electric. Je les ai mais je suis déçu, la faute à un frontman trop moderne au milieu des anciens. All them witches décape la Valley avec un set brutal. Puis Ultra Vomit, débile à souhait avec un public conquis d'avance. Mais pas que: pour parodier correctement, il faut maîtriser. Foetus & co ne sont pas que des clowns lançant chenille et wall of shit, ce sont aussi des putains de musiciens capable de naviguer d'un style à l'autre, prouesse vocale à la clé. Jésus, Calogero et le chanteur de Tagada sont de la partie. C'est le joyeux bordel. Un des meilleurs concerts du week-end. Dropkick Murphys. Voir du punk celtique à Clisson, c'est quelque chose. Les drapeaux bretons sont de sortie, on sautille en se tenant par les épaules. Les rouquins sur scène ont chaud mais ne lésinent pas sur l'énergie dépensée. Mass Hysteria arrive. Gros concert avec débauche d'énergie et d'effets: écran géant, pyrotechnie. Le groupe n'a sans doute jamais eu autant de moyen pour un concert. On fête les 25 ans du groupe, le Hellfest a mis les petits plats dans les grands. Mouss est en forme même s'il est rouge écarlate et essoufflé au bout de deux titres désormais. Manowar ensuite. Show incroyable avec du slip en veux-tu en voilà. Un dragon dressé descend du ciel et prend en levrette une guerrière qui n'attendait que ça. Le public chante, les chiens forniquent avec les chats, c'est l'apocalypse. Je prends un fan de Tokyo Hotel dans mes bras et on se roule une pelle, portés par l'instant. Que pouvait faire Carcass après pareille prestation? Un show death de dingue peut-être? Et bien oui, cheveux au vent (hé y'avait même pas de vent, hé l'autre, on l'a vu ton ventilo!!), Jeff beugle et c'est bon. On conclut sur Gojira, j'ai mal partout, j'ai froid, je souffre pendant le set. Gojira, c'est devenu lourd et bénéficie des mêmes conditions idéales que Mass Hysteria. Gros concert mais ma fatigue aura raison des dernières 20 minutes.

Second jour du Hellfest, 3ème du week-end. Courbatures dès le réveil. La douche froide du matin réveille, décrasse mais ne sauve pas tout. J'avais pointé deux trois concerts de bonne heure mais bon, hein, faut pas se voiler la fesse, j'ai commencé qu'à 12h par Fiend, je crois, plus sûr. Passage par la Temple pour un Wolfheart bien roots. Premier passage par la Temple en fait, je suis pas beaucoup botté par la prog black-dark de cette année, trop large vintage (Cradle) ou electro (Combichrist) à mon goût. J'enchaîne un trio Will Haven, Mantar, Sumac de toute beauté, du post-rock de haute volée. Un jour Isis reviendra, ô oui un jour. Retour à la fournaise. Eagles Of Death Metal. Il fait chaud mais ça tape aussi fort sur scène que dans la fosse. Gros capital sympathie. Reprise de Bowie. Un show fort bon. Myrkur a annulé, heureux évènement imminent. On passe directement à Def Leppard. je me fais abordé par des bretons qui me paient un coup, belle rencontre. Je passerai avec eux le set de ZZ Top à discuter. Boogie toujours aussi efficace en fond. Kiss débute. Déluge d'effets, monde incroyable sur les mainstages. Je reste en retrait pour pouvoir filer vers Bloodbath. Je n'avais pas vu autant de monde depuis Iron Maiden ou Rammstein. Je fais 45 minutes avant de rejoindre l'Altar pour LE show du samedi. Il n'y a quasiment personne. la concurrence est rude entre l'horaire, Kiss et Cult Of Luna sous la Valley. Nick Holmes est en forme. Le groupe aussi, ça envoie et les titres du nouvel album (Bloodicide en tête) sont très efficaces au milieu des classiques (Cancer Of The Soul). La tente se remplit tout de même. Premiers rangs assez secoués et finish sur l'inévitable Eaten. Je reprendrai un bain de sang en août au moment du Motocultor. Je ressors pours écouter la fin du set de Kiss et son final délirant: feu d'artifice, confettis, artiste grimpé à dix mètres du sol, Rock'n'roll all nite. Pas le courage d'enchaîner derrière, je renonce au Bal des enragés, je regarde une chanson des Sisters Of Mercy, mais ça m'emmerde. Je file.

 Manuwino, quel talent!!! ;) (bon du coup, je suis derrière Philou)

Dernier jour. J'ai mal jusque dans les ongles. Je contemple mon running order. J'ai à peu près tout entouré, grosse journée en perspective. Je rate les débilos d'Insanity Alert, vu à Rennes en automne dernier. Idem pour Municipal Waste. Je commence vautré dans l'herbe dans le fond de la Valley, réveillé doucement par la voix de Messa puis M1 et Death Angel, je suis beaucoup plus réveillé là, ça envoie old school, journée thrash. Yob à la Valley pour du stoner bien gras... avec Danny Carey de Tool sur le côté de la scène. Je retrouve de vieux acolytes. On est bien. Lucifer's Child sous la Temple, simple et efficace. Clutch en mainstage, grosse chaleur, le dimanche aura été plus chaud que les jours précédents, il fait lourd et le set est monstrueux. Dans la Valley, on aurait pris une branlée. Je vais la prendre mais plus tard. Testament, c'est l'anniversaire de Chuck. Ses potes lui offrent un sauna. La foule est arrosée à coup de lance à incendie, ça fait du bien. Je sacrifie Stone Temple Pilots en faisant une sieste dans les fonds des mainstages pour me réserver pour mes têtes d'affiche de la soirée. Je me réveille pendant Anthrax qui a l'air en forme mais j'émerge avec peine. Un burger rapide avant d'aller me placer dans les premiers rangs pour LE moment du week-end et sans doute un des meilleurs concerts vécus au Hellfest. Phil Anselmo & The Illegals. Notre Philou nationale on est tenté de dire, tant sa présence à Clisson est inévitable. Le frontman par excellence, la tête pensante d'une demi douzaine de groupes. Revenu de ses excès, désormais sobre et les idées claires. Phil qui vient saluer la foule dès la mise en place technique. Dans sa Valley. Un set qui commence par une envolée vocale posée et sobre, Phil montre qu'il a plusieurs cordes vocales à son arc, capable de passer de l'aigu au growl death, de "chanter" du blues avec Down et de s'essayer à la New Wave avec un projet à venir. Phil est toujours aussi bavard entre les morceaux et toujours aussi content d'être là. Quelques morceaux et la rengaine se fait plus forte. "Pantera, Pantera!!!" crie la Valley. "I heard that" taquine Philou. Il se retourne vers son groupe et ajuste le tir. Le public en a trop envie. Les Illegals ont beau avoir plusieurs albums désormais, c'est avec ce line-up là que la filiation avec Pantera est la plus évidente, il faut dire que le guitariste singe Dimebag et porte le fameux short aux feuilles de cannabis. Difficile d'esquiver.  Mouth for war, Becoming, Walk, Fucking Hostile... C'est la grosse branlée. Les titres défilent, je saute partout, j'en ai les larmes aux yeux de plaisir nostalgique. Un petit titre des Illegals qui tient à cœur de Philip Anselmo en passant. On se régale. Ce concert, un an jour pour jour après la mort de Vinnie Paul est une bénédiction. Phil reçoit une banderole avec les frangins Abbott. La Valley se vide de fans dégoulinant de sueur se croisant avec des regards complices. La complicité d'avoir assisté au plus grand concert de ce week-end. Ni plus ni moins. Je redescends doucement le long d'un set hyper maîtrisé d'Emperor, fleuron black et toujours parfait en live. Direction les mainstages pour l'apothéose finale. Slash d'abord, gentillet et avec peu de reprises des Guns contrairement au passage précédent. Je me faufile ensuite dans les premiers rangs pour me placer pour Tool. L'espace vitale se raréfie et je sacrifie un peu mon dernier live de Slayer. Groupe en forme. Araya ému qui dit un dernier mot à ses fans français. Des mecs droits dans leurs bottes depuis le départ, aucun consensus, pas de quartier. Merci Slayer. Et Tool. 1h30 de bonheur intense après 13 ans d'attente. Groupe en forme, scénographie dantesque portée par les écrans xxl du Hellfest. Aenema pour commencer, des morceaux efficaces privilégiés aux pièces plus longues (Jambi, The Pot, Stinkfist, 46&2). Seuls les deux nouveaux titres, Descending et Invincible, ont la patte prog et dépassent les dix minutes. Du coup, exit les Third eye ou Pushit. Le show est parfait, le groupe en forme, Justin communicatif, Adam en retrait, Danny concentré. Maynard est taquin puis mouline ses bras à son habitude et travaille ses ischios dans la position du cavalier de fer. Tool en live c'est l'extase. Se prendre ce spectacle à quelques mètres près dans la gueule, c'est une expérience.



Et voilà, 46 concerts en quatre jours. Encore une fois, merci le Hellfest, merci la communauté métal, merci les amis pour ce week-end. A l'année prochaine, 19-20-21 juin 2020.