jeudi 7 février 2019

Reznyck - French Erections (ECOUTE)


Simetierre, de Kevin Kolsch et Dennis Widmye (TRAILER)



Us, de Jordan Peele (TRAILER)



Glass de M. Night Shyamalan (CRITIQUE)


Il n'y a rien de meilleur que la jubilation par l’œil. Le Septième Art, et par extension la télé - lorsqu'elle est bien faite - a cette faculté de réjouir par l'image lorsque l'on accepte de plonger et de se faire berner par les mots et les effets. A la fin des années 90, Usual Suspects fait un carton et sa narration subtile au suspens incroyable provoque une nouvelle mode chez les scénaristes. Tout le script tend vers une incroyable révélation finale. La vague des Scream, Fight Club et Sixième Sens. De l’esbroufe et du virtuose. M. Night Shyamalan en fait sa marque de fabrique, il devient le réalisateur ''de fin" au gré d'une poignée de métrages tous aussi surprenants les uns que les autres: le déjà cité Sixième Sens, Le village, Signes, La jeune fille de l'eau... et Incassable. Il se perd ensuite dans une décennie de mauvais choix et devient un faiseur d'Hollywood. 

Revenons à Incassable. A sa sortie, il a le gros défaut de venir après Sixième Sens et donc, d'y être comparé sous tous les angles. Même acteur principal, même ambiance brumeuse. Shyamalan fait le choix de réduire la voilure, à la façon du Tarantino de Jackie Brown, renonçant à la surenchère pour se centrer sur son récit. Grand bien lui fasse: Incassable est de toute beauté dans son explication mythologique des comics books et leurs degrés de lecture transposés au monde réel. Samuel L. Jackson trouve dans Elijah, l'homme aux os de verre, un rôle bouleversant, un méchant complexe et complet. Après les années d'errance artistique, Shyamalan signe un retour fracassant avec Split, thriller torturé estampillé Blumhouse, prod avec le vent en poupe (Get Out, Whiplash et toute une série de films d'horreur à succès). Split, c'est James McAvoy dans une performance hallucinante, celle d'incarner un être aux personnalités multiples, tantôt fragile, tantôt violent, tantôt manipulateur, homme ou femme. Du cinéma d'horreur psychologique, brut et contemporain, viscéral, filmé avec moins de retenue qu'Incassable, les studios ayant rendu Shyamalan plus démonstratif avec le temps. Et là, LA surprise du chef. Scène post-générique façon Marvel. Et le personnage de David Dunn, le personnage de Bruce Willis dans Incassable de réapparaitre. Coup de génie: Incassable et Split se situent dans le même univers. Une fausse suite quasiment 20 ans après. Forcément, on en redemande et un troisième chapitre est plus que nécessaire, une évidence. 

Ce troisième chapitre, c'est donc Glass, qui voit s’affronter, physiquement et psychologiquement, les trois personnages entre eux, mais aussi contre une institution qui essaye de les analyser, de les catégoriser, de leur faire comprendre qu'ils ne sont pas des super-héros. Shyamalan reprend son analyse du mythe des super-pouvoirs, la mise en abyme se poursuit avec brio. Pris au piège, les personnages s'interrogent, doutent, cherchent à comprendre, Shyamalan les enferme pour mieux les observer, les faire muter. Glass est un chef d’œuvre. Son écriture, son rythme, son analyse des comic-books, l'interprétation, la musique, la photo. Tout est intelligent, maitrisé. La Jupiter de Shyamalan, orchestrée depuis vingt ans. Il va être difficile d'aller voir un Marvel derrière ça, de repartir sur du pop corn. Shyamalan convoque Alan Moore et Chris Claremont, égratigne le Nouvel Hollywood celui des suites et des franchises, tout en faisant lui même une suite et en donnant naissance à un potentiel univers étendu. Un jeu de miroir brisé.

Sleep au Hellfest


Il manquait deux groupes à la programmation de la Valley pour la prochaine édition du Hellfest. Et si le dimanche s'annonce épique en tête d'affiche (Tool, Slayer, Emperor, Phil Anselmo...), les choses viennent de se compliquer encore un peu plus puisque Sleep et High On Fire seront à Clisson en juin.