lundi 4 juin 2018

Ghost - Préquelle (CRITIQUE)


Le monde du métal au sens très large du terme est un monde vaste, fait de multiples chapelles aux ramifications incessantes. C'est un genre où il est difficile de trouver des groupes fédérateurs. Black Sab ou Led Zep chez les pionniers, Mötorhead ou Slayer parce qu'ils n'ont jamais fait de compromis. Toutes les autres pointures de l'histoire (Kiss, Metallica, les Guns, Korn ou Manson...) ont fans et détracteurs, "c'était mieux avant..."... Et dans ce joyeux bordel a débarqué Ghost avec une imagerie très forte: visages masqués et peintures black métal, caricature ou parodie de la religion, frontman grimé en pape. De prime abord, on tenait le nouveau gros fouteur de bordel, le grand guignol nécessaire pour fédérer, le Alice Cooper nouvelle génération. Oui mais voilà, Ghost divise aussi. Parce que trop ci ou pas assez ça. Et puis à l'époque du # à tout va, tout est décuplé, on essaie de miner Tobias Forge, en le faisant passer pour un gros vilain profiteur à la tête de son one-man band (alors que MM, NIN, etc...) avec polémique de royalties et cachets... Et pourtant quelle ascension! En une poignée d'albums, la mayonnaise a pris. Un univers tant sur album qu'en live s'est monté avec sans doute une fulgurance pas vue et entendue depuis Rammstein, maîtres ès buterie en concert. Avec Méliora, les Ghost démontraient un sens parfait du riff entêtant en regroupant sur la même galette une dizaine de tubes. Après un changement de line-up complet, Préquelle est un album de transition, de nouvelles orientations sonores. La production métal classique laisse place à des sonorités 80's: Peter Gabriel, Kate Bush, Queen et un miel pop old school s'invitent et viennent enrober le tout. Rats, 1er single dingue, est le morceau le plus proche de la cuvée précédente mais See the light, Dance Macabre ou Pro Memoria sont tant de morceaux à l'esprit vintage qui font revivre les synthés du glam et de la new wave. S'il ne fait pas l'unanimité, il faut reconnaître à Tobias Forge un certain talent pour évoluer, chose rare à une époque et dans un genre où il a toujours été plus facile de réchauffer les vieilles recettes. Avec cette quatrième mue, passant de Papa Emeritus III au Cardinal Copia, sorte de croisement entre Don Camillo et Don Corleone, Ghost s'installe définitivement dans la cour des grands, dans les headliners potentiels de festivals. Une progression fulgurante et méritée.

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