lundi 14 octobre 2019

Le château des animaux de Xavier Dorison et Felix Delep


Blacksad me manque. Ses caricatures truculentes des défauts des hommes à travers le prisme de la faune la plus variée. J'aime cette façon de grossir le trait, de verser dans l'esperpento espagnol ou dans les racines de la fable classique. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai découvert ce nouveau Dorison, plume la plus aiguisée de la bande dessinée francophone avec Nury. Dans cette univers dystopique, que l'on ne peut pas vraiment situer dans le temps, une basse-cour se retrouve dépourvue de maîtres. Les hommes ont tout bonnement disparu. Je ne crois pas si bien dire en parlant de basse-cour puisque la ferme va se réorganiser en véritable dictature avec à sa tête Silvio le bien nommé, taureau tout Red Bull dehors, grand mâle dominant. La ferme est sans dessus dessous et lapins, poules et chèvres de trimer comme des esclaves au service des aboyeurs et du taureau. Profession de foi faite à Orwell dès la préface, Dorison écrit avant tout une œuvre toute latine avec son lapin tapineur, sa chatte mère-courage et son rat savant. On navigue entre fabliau et Canard Enchaîné entre comédie théâtrale et parodie. Et puis on bascule dans l'horreur parce que la caricature ne peut qu'atténuer les horreurs d'une dictature. On est dans De Cape et de Crocs et la page suivante, c'est V pour Vendetta. Les ruptures de ton sont osées et lorsque la révolte gronde, on atteint des sommets. Trois tomes sont dores et déjà annoncés. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire