dimanche 13 octobre 2019

Aleister & Adolf de Michael Avon Oeming et Douglas Rushkoff


Si le grand Alan Moore vous manque, optez pour l'absinthe dans sa version générique avec ce très bel Aleister & Adolf. Acceptez l'initiation et plongez: les métaphores autour du jeu ont toujours caractérisé les conflits humains. Les dés sont jetés. L'effet domino. Ou toute référence sur un échiquier. Des cartes, des artefacts, des symboles. Avon Oeming aborde le cœur du XXème siècle et le second conflit mondial sous cet angle. Aleister Crowley, le grand mage occulte pour les uns, le charlatan avide de partouzes pour les autres, est recruté par les services secrets pour lutter contre Hitler et l'idéologie nazie, toute puissante derrière l'image de la svastika. La guerre ne se gagne pas que sur les champs de bataille. Elle se gagne dans les bureaux, avec de l'information et de la désinformation, de la propagande et de la manipulation. Et avec des symboles. En convoquant Patton, Ian Fleming ou Crowley, Avon Oeming tisse une toile géopolitique et occulte vaste, faisant s’enchevêtrer rituels païens et conspirations de barbouzes. Les logos et les images stigmatisant l'Homme des camps de concentration jusqu'à la société de consommation. Derrière le symbole, il reste l'organique, l'humain, toujours au centre, loin des divinités, lorsqu'il accepte de croire en sa propre magie et qu'il renonce à la peur de la mort. La lance du Christ n'est plus qu'un phallus. Et le V de la victoire, un symbole chargé par le sexe féminin. Aleister & Adolf est un roman graphique d'une beauté noire si l'on accepte la main tendue et le voyage initiatique. Sublime et subliminal.

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