Al Capone - Ma Vie

Lorsqu'il s'attaque au récit de sa vie, Al Capone est redevenu Alfonso Gabriele Capone. Il vient de passer 8 ans de réclusion à Alcatraz. Libéré pour bonne conduite et parce qu'il souffre de syphilis (ce qui lui provoque des crises de démence), il est de retour à Miami, dans sa propriété qu'il affectionne tant. Loin des affaires. C'est donc un homme fatigué qui cède aux sirènes du monde de l'édition et à la mode d'alors du récit introspectif baptisé 'Ma Vie'. Capone parle. Napolitain d'origine, il ne répond pas aux règles de l'Omerta sicilienne. Capone, c'est la mafia de Chicago, du bling-bling, pas celle de l'ombre, ramifiée en famille, capo et consigliere, la new-yorkaise. Il parle sans trop en dire, toujours en s'excusant, en niant son implication dans telle exécution ou telle affaire mais en racontant les moindres détails de chaque opération... "On m'a rapporté que..." Capone, c'est le mythe. Comme James Dean, Marilyn ou Kennedy. La figure de la Prohibition. Celui qui a érigé le trafic d'alcool entre le Canada et les USA au rang de multinationale. Alors bien sûr, entre la mythomanie du personnage et sa maladie, on est sûr de rien mais le texte a cette gouaille volubile du repenti qui a encore envie d'en mettre plein les yeux, comme s'il disait "regardez ce que j'ai accompli..." Moi, le cireur de chaussures des Five Points. Capone avait toutes les cartes en main: pouvoir financier, judiciaire, politique. Chicago la corrompue lui appartenait. Il écrasait la concurrence, ne lui laissant que des miettes. C'est ce manque de partage et son goût pour les coups de torchon trop sanglants qui vont conduire à sa perte. Contrairement à sa sœur new-yorkaise qui a choisi l'ombre, la pègre de Chicago fait constamment les gros titres. Hoover en fait son objectif. Les G-Men du FBI sont lâchés. Capone ne finira par tomber que pour fraude fiscale. Il est loin Eliott Ness. 'Ma vie' de Capone est un livre qui se lit avec le plaisir coupable et la fascination de l'enfant face aux films de gangster.