mardi 15 novembre 2016
Hardwired ... To Self-Destruct - Metallica (CRITIQUE)
Etre fan de Metallica, inconditionnel j'entends, c'est devenu de plus en plus dur depuis le milieu des 90's. Il a fallu supporter haters & trolls de tout genre, ceux qui ont oublié la musique au profit de Napster, le clan des c'était-mieux-avant, les fachistes ils-se-sont-coupés-les-cheveux, les homophobes ils-mettent-du-eye-liner-ces-pédés, les puristes on-entend-pas-la-basse et leurs confrères le-batteur-pue. Sans oublier les cartomanciens Cliff-n'aurait-pas-approuvé. Qu'on le veuille ou non, que l'on accepte de s'asseoir ou pas sur sa mauvaise foi, Metallica est le plus grand groupe métal de tous les temps (je ne mets pas la phrase en majuscule pour votre confort de lecture mais le coeur y est). Succès commercial et influence incommensurable. Les 5 premiers albums, au même titre que les 4 premiers Black Sabbath, frisent la perfection et ont influencé et continueront d'influencer des dynasties de zicos. Master Of Puppets est un putain de monolithe et Ride The Lightning une Chapelle Sixtine. Qu'on se le dise.
Lorsque l'on est fan de Metallica, un autre enfer guette: l'attente. Les Four Horsemen, s'ils ont su surprendre pour faire patienter entre deux albums (S&M, Garage Inc., Through The Never ou... Lulu), prennent leur temps (toujours plus) entre deux galettes. La faute à des tournées qui s'étirent sur trois ou quatre ans, à des plages saisonnières de plus en plus aérées (vie de famille, cinquantaine, tout ça, tout ça...) et, sans doute, à un marché du disque beaucoup moins attractif qu'avant (pourquoi se casser le cul à composer alors qu'il suffit de tourner?). En pleine promo de Death Magnetic, James martelait "on a plein d'idées, on va rentrer en studio dès la tournée terminée, blablabla". Bilan des courses, huit ans se sont écoulés (lol nerveux d'impatience). Longue gestation pour ce Hardwired... To Self-Destruct. Souhaité. Attendu. Espéré. Et finalement annoncé quand on ne l'attendait pas de sitôt, pour le 18 novembre 2016. Mais l'attente valait le coup. 12 titres. Divisés en un double album. Avec un clip à venir pour chaque morceau. Une bien belle façon de célébrer l'indépendance du groupe, seul maître à bord puisque que Hardwired... est le 1er album sorti chez Blackened Records, label du groupe qui s'autoproduit désormais. On se fout pas de la gueule du client.
Si avec St Anger, Metallica avait retrouvé une pêche, ou du moins une vitesse oubliée sur des Load et Reload plus heavy et expérimentaux, il avait perdu en mélodie avec des titres moins accrocheurs. Avec Death Magnetic, la magie faisait son retour: morceaux martelés, refrains entêtants, une poignée d'hymnes. Metallica retrouvait de sa superbe. Hardwired... To Self-Destruct enfonce le clou: quel album!!! Si la filiation avec DM est facile et évidente, on retrouve un groupe avec tous les paramètres au vert: chant hargneux de Jaimz, solis mordants et inspirés de Kirk, section rythmique carrée (on n'a pas entendu Lars aussi impliqué depuis longtemps). Les nouvelles compos, à l'image des trois premiers titres dévoilés jusqu'à présent, restent en tête à la première écoute, symbole fort d'un groupe qui a toujours su faire les bons choix en matière d'écriture. Alors oui, ça s'étire un peu ici ou là, d'où les comparaisons avec ... And Justice For All que l'on peut lire dans la presse. Mais bon, Metallica ne fait pas dans le prog et ils ont, depuis longtemps, ce "défaut" de rallonger un peu la sauce avec des morceaux au delà des 6 minutes. Chez Tool, c'est une intro donc, bon. Je vous épargnerais ici (je vais essayer) les comparaisons "morceau à la Whiplash", "riff à la Ride The Lightning" et autre "batterie martiale à la One", références pompeuses qui ne signifient rien tant les comparaisons avec les illustres aînés sont hors de propos. Ces 12 titres sont les titres d'un groupe de 2016, conscient de son héritage mais encore fortement affamé de gros son. Le 1er titre, éponyme, court et droit au but, résonne étrangement et laisse un goût amer en bouche au lendemain des élections US. Un premier titre accrocheur qui lance cordialement les hostilités. Atlas, Rise! Un de mes préférés prend la suite et prend le temps, lui, de s'étirer pour matraquer un thème principal entêtant et mettre en valeur un solo au cordeau. Now That We're Dead ralentit le tempo avec un rythme heavy comme Metallica les affectionne une fois les albums lancés (Sad But True, Devil's Dance...). Moth Into Flame réinjecte de la sauce. Dream No More, ralentissement mais toujours pas de ballade, c'est accordé bas, ça vombrit dur. Black Sabbathien. Quel groove passé l'équinoxe du morceau! Break puis... MONSIEUR Hammett, possédé comme dans un vieux film aux couleurs saturées de la Hammer qu'il affectionne tant. Je ne suis pas musicien: je ne décortique pas les instrus. Je les vis, je les ressens. Ici, pas de branlettes de techniciens: les solis racontent quelque chose, ils sont au service du morceau, ont une cohérence. Ils font partie du récit. Dream No More est LOURD. La ballade, la voilà: Halo On Fire. Ballade avec explosions de James. Quel chanteur. Holy Fucking Metal Warlord. Quelle progression: du gosse nasillard de Kill'em All jusqu'à aujourd'hui. James a désormais un timbre de voix qui lui permet de "crooner" dans les couplets avant de rugir "à la Hetfield" sur des traînants "Halooo on fire". Une ballade de découpeurs, ça ralentit puis deuxième salve au service d'un nouveau grand solo de KH. Entracte.
On réattaque avec Confusion, bon ok, je dois le dire: rythme martial en intro. Riffs tout en glisse puis ralentissement LOURD encore une fois. Trujillo. Il faut parler de lui. Si son rôle reste flou ou minime en matière de composition, on peut dire qu'il a apporté au groupe une envie. Il leur a rappelé qui ils étaient et ce dont ils étaient capables techniquement: poussé dans ses retranchements à la rythmique par un bassiste hors norme, Ulrich a du se sortir les doigts du cul pour relever le challenge. Confusion est taillé pour un passage radio. Ah oui, j'oubliais: ça se fait plus. Énorme solo de Kirk en réponse à la batterie agressive de Lars, sorte de domptage d'un instru à l'autre. Finish en rythme martial (lol). ET ensuite ManUnkind. Alors là, je sais pas ce qui m'a pris... Je l'écoute encore... L'intro, pourtant très courte, m'a submergé. Comme si le groupe avait remis la main sur quelques accords de Cliff. Oui, je sais c'est facile mais je vous parle d'une sensation première à l'écoute pas d'une réflexion de journaleux pour mon pseudo article... ça doit être de ça que l'on parle quand on parle d'éternité. Cliff par delà la mort. ManUnkind, morceau de découpeur, lancinant, qui joue sur les ralentissements et les accélérations. Metallica aime toujours autant Mercyful Fate et ça s'entend. Sinon, je vous ai parlé des solis de Kirk sur le nouvel album??? Putain le con, il remet ça!!! Metallica est Metallica lorsqu'il a la hargne d'Hetfield et là, ça gouache. Here comes Revenge est plus torturé, s'ouvrant dans la distorsion avant de rebasculer dans les riffs saccadés typiques du groupe. Hardwired... To Self-Destruct fait la part belle aux ambiances crescendos et au rupture de ton d'un instant à l'autre. On attend une accélération, ça freine, ça joue bas, ça chante grave. Here comes Revenge est le revers de la médaille de la trilogie Unforgiven. Eye for an eye. Am I Savage arrive. Titre plus surprenant, surtout à l'approche du refrain. Encore une ambiance lourde. Hardwired... est l'album le plus LOURD, au vrai sens premier du terme, du groupe depuis un bail: un album accordé très bas, à l'ancienne. Am I Savage voit James se lâcher dans le refrain. Et puis, solo de Kirk. Et bien... vous savez quoi. Murder One, intro années 80, agressivité contemporaine, groove à faire sauter les enceintes sur place. Diablement efficace à l'image du Metallica 2016 (si l'analyse titre par titre vous fait chier, rassurez-vous: moi aussi. Je ferais ça que pour les Mets). Murder One est un titre, voyons, quel adjectif n'ai-je pas utilisé: megadethien. Non, je déconne. Murder One ressemble aux bons morceaux du Metallica 90's et il constitue l'hommage du combo de San Francisco à feu leur maître - et notre maître à tous - Lemmy Kilmister puisque James le crie haut et fort: Born To lose, No excuse, Till the End, Live To Win. RIP Lemmy, les petits font leur devoir. A tous les connards qui ont craché sur Lars depuis belles lurettes, prenez-vous Spit Out The Bone dans la gueule: la vache, le danois est en feu!!! Quelle rythmique, un morceau speed, à l'ancienne pour les nostalgiques du trash des années 80. Quel finish!!! Et quand on croit que ça va freiner, ça réaccélére!!! "Ils sont finis", "c'était mieux avant"... et ta sœur, elle se fait grapper la pussy par Donald Trump sans doute??! Qui peut prétendre au trône en ce moment? PERSONNE. Allez, les puceaux du riff, y'a encore du taff. Je croise les doigts et toutes les parties de mon corps susceptibles d'être croisées (vous seriez surpris) pour les voir LIVE le plus rapidement possible. Et l'album se termine par un PUTAIN DE SOLO DE DINGUE DE KIRK... par dessus la troisième corde!!!! Spit Out The Bone: le morceau Panzer Division Shinkansen Bulldozer ultime. Ou l'inverse.
Première écoute, impressions livrées à chaud (voir en live)... j'en tremble encore. Hardwired... To Self-Destruct est un putain d'album, faites lui honneur.
Merci James, Merci Lars, Merci Kirk, Merci Robert.
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