Il est de plus en plus difficile de donner son avis sur un film de super-héros, Marvel pour le coup. 14ème film des studios Marvel, désormais en Phase III, Dr Strange arrive après une ribambelle de prédécesseurs auxquels il convient d'ajouter les films Fox sur les X-Men, les Spiderman Sony, les DC's et les séries tv. Comme pour les slashers 90's ou les found footages, on frôle largement l'indigestion. Mais on y retourne, happé par le toutéliage plutôt de bon goût du projet. Lorsqu'on sort de Dr Strange, on est donc obligé de comparer. Dr Strange n'est pas un Marvel mineur. Il est à inclure dans la branche mystique et ésotérique, à côté de Thor (restez jusqu'à la fin). Là où il se démarque de pas mal de ses compères, c'est que visuellement on en prend plein la gueule. Les combats obéissent à des règles aux géométries plus que variables, transposant Matrix dans Inception avec quartier entier amovible, flash-back et flash-forward, ondes de chocs et décharges d'énergie. C'est beau, c'est solide et pour une fois, la 3D ne sert pas qu'à donner une vague sensation de profondeur de champ. Dr Strange fait donc basculer le Marvel Universe à un nouveau carrefour: après le réalisme SF d'Iron Man, le côté Bond rétro du Captain, les guerres mythologiques d'Asgard et les invasions extra-terrestres des Avengers, on arrive désormais à une porte fatale pour le monde des comics: les multivers et les univers parallèles. DC et Marvel y ont tout fait, s'y prenant les pieds un paquet de fois dans des narrations incompréhensibles, hardbootant des sagas entières, faisant se télescoper les morts et les vivants ou les héros des différents âges. Transposé au cinéma, le multivers ne brille pas par sa lisibilité: très sombre à l'image ou carrément psychédélique, les espaces traversés par le Dr Strange sont assez déconcertants et donnent lieu à un affrontement final, répétitif (c'est le cas de le dire) et un peu surjoué. Côté surjeu, il ne faut pas en tenir rigueur à Benedict Cumberbatch, acteur exceptionnel et sans doute l'un des plus doués de sa génération (Sherlock, monument de la tv), les studios Marvel ayant opté depuis longtemps pour les blaguounettes insistantes à grand renfort, si possible, de coups de coude annonciateurs dans les côtes du voisin. Strange est donc un vague Tony Stark II pendant l'immense partie du film. Il n'en reste pas moins que le tout fait son effet, que Rachel Mc Adams est toujours aussi bonn... mignonne, que Tilda Swinton cartonne en gourou mystique adorateur de Richnou et que Mads Mikkelsen est l'Anthony Hopkins du nouveau millénaire et commence à avoir un CV de méchants plutôt très sympa.
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