samedi 23 septembre 2017

Ça (Critique)


Un remake de "Ça", après le téléfilm culte de 1990 et la performance légendaire de Curry, franchement j'étais pas chaud. On m'avait déjà niqué mes souvenirs de gosse avec Star Wars, Indiana Jones ou Ghostbusters. Fallait pas toucher à Ça, mon roman de King préféré et la mère nourricière de mes plus beaux cauchemars. Et puis la formidable télé US de ses dernières années a sauvé le projet. Le script est passé entre les mains de Cary Fukunaga, père de True Detective, série craspec comme on s'imagine le Derry du Maine puis on a fait le choix artistique de relocaliser la période des enfants dans les années 80 grâce au succès de Stranger Things (les Duffer Bros ont postulé pour Ça, ont été recalé et ont fait Stranger Things avec multiples références à l'univers de King). Ces deux aspects seront décisifs dans le processus créatif. Finalement, c'est Andrés Muschietti, déjà aux manettes du très réussi Mama, qui réalisera le film. Une sensibilité latine, palpable dans les scènes de gosse et leurs traumatismes familiaux respectifs. On respire le Del Toro, l'Amenabar et le Cuaron, comme s'il fallait désormais être latino pour frapper juste dans le film de genre, comme il fallait être italien dans les années 70. 

Que vaut le Ça 2017? En faisant le parti pris d'éviter les flash-backs pour ne se concentrer que sur l'adolescence des Losers et leur terrible été 1988, le film va droit au but. C'est parfois un peu raccourci et trop cash. Certaines réactions sont bien rapides mais cela contribue à rythmer le film qui doit tout de même s'attarder sur chacun des sept enfants, pour montrer leurs failles et peurs respectives, clé de voûte du film et sève de Pennywise. Le clown en question est malsain, drôle et flippant mais bien moins dérangeant que le Grippe-Sou de 1990 dont la VF aigu glaçait le sang. Le film a les défauts des mythologies horrifiques modernes: surenchère de musique, attaques accélérées très "clip". Là où il remporte la mise, c'est dans la présentation des personnages, galerie de losers parfaite (excepté Stanley incarné par un gamin assez mauvais) emmenée par Finn Wolfhard, qui vole la vedette avec ses punchlines tordantes. Parce que Ça, c'est surtout un film sur la peur de grandir, sur les blessures de l'enfance qu'il faut panser avant de passer à l'âge adulte et ses difficultés décuplées. Comment grandir lorsque l'on a perdu son petit frère? Comment grandir lorsque l'on est violée par son père? Comment grandir lorsque votre mère vous couve et vous martèle que vous êtes malade? La bande auto-proclamée des losers doit braver tous ces interdits, ces barrières, instrumentalisés par le vicieux Pennywise pour s'en sortir. C'est dans ce contexte noir que le film est brillant, que l'on sent le fil directeur laissé par Fukunaga et que l'horreur domestique terrifie bien plus que tous les artifices du genre.

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