Le Woody 2015 est, ma foi, un bon cru. Après le bavard Blue Jasmine ou les films à sketch sur Paris et Rome, Allen revient avec un film cynique et froid comme pouvait l'être Match Point, avec un personnage principal cette fois-ci manipulateur malgré lui. Joaquin Phoenix surnage en prof de philo au bout du rouleau, cynique, dépressif, alcoolique et qui retrouve le goût des choses en préparant un meurtre. Si Woody emprunte à Dexter, c'est pour mieux faire s'entrechoquer les sens à peine réveillés de la jeune étudiante (Emma Stone) éprise de son prof et ceux du prof sorti du Single Mat. L'Homme Irrationnel est une petite mécanique bien huilée comme un crime parfait avec un sens de l'écriture très fin, à la Woody Allen, le tout mis en photo par un Darius Khondji toujours parfait dans son travail sur les ocres et les couleurs chaudes. Allen, s'il brille en transposant à l'écran ses angoisses et ses alter-ego, excelle aussi dans ce genre de registre, ces films quasi britanniques, sorte de croisement entre Agatha Christie et Raymond Chandler mais avec à chaque fois, un lexique propre, ici la philosophie existentialiste.
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