mardi 25 septembre 2018
Les frères Sisters de Jacques Audiard (CRITIQUE)
Le western. Ce genre clé de voûte. Il y en a eu tellement qu'il est désormais difficile de s'en approcher. On caresse le truc avec des polars westerniens à la Comancheria ou on attend que quelques pointures ne daignent s'y intéresser sérieusement (les Coen, Tarantino). La tv y passe aussi avec plus ou moins de réussite (Westworld).
Audiard, quitte à passer à l'Ouest, y passe par le genre maître et signe un beau western crépusculaire et incandescent. S'il ne renouvelle rien et ne verse pas non plus dans l'académisme, Audiard prend le temps d'écouter les hommes, leurs doutes, leurs espoirs, leurs failles. Il se désintéresse des poncifs: duels, grand méchant, fusillade et préfère filmer les coups de feu dans l'épaisseur d'une forêt ou dans la pénombre. Il abandonne le personnage principal (Joaquin Phoenix de prime abord) pour s'étendre sur le numéro 2, le side kick (John C.Reilly, oscarisable). Il balaye l'intrigue principale (une chasse à l'homme) pour rattraper un second fil (la rédemption des frangins). Autant de qualité et de défaut (lenteur) qui font de ce film un western classique mais avec une certaine sensibilité européenne. Audiard replace l'homme au cœur de l'Ouest là où le cinéma américain a plus souvent placé l'Ouest au premier plan. La musique d'Alexandre Desplat est encore une fois à tomber par terre, planante comme la menace omniprésente du Commodore, méchant du film. Joaquin Phoenix écope d'un nouveau rôle d'écorché, dommage quasiment, lui qui excelle dans les rôles plus profond même s'il est capable de laisser paraître 70 émotions différentes sur son visage impassible. Un immense acteur.
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